On nous demande de donner notre expérience. Alors nous présentons un petit film que nous avons réalisé. Le titre donne l’orientation de notre travail : « Un homme nouveau, le lépreux opéré et appareillé ». Après notre conférence, il y a un débat. Une religieuse d’origine belge responsable d’un centre d’handicapés à Manille aux Philippines nous demande d’aller l’aider dans son travail. Elle-même nous donne son adresse et ses coordonnées. Avec elle, nous déterminons un jour précis où nous serons à Manille. Nous lui disons que nous ne changerons pas la date et qu’elle peut compter sur nous. Qu’elle réunisse pour le stage des jeunes pour que nous leur apprenions à fabriquer des appareils pour les enfants et les adultes handicapés.
Quelques mois plus tard, nous sommes en Thaïlande où se trouve le grand camp de Kaô-i-dang (20 000 réfugiés cambodgiens). Nous continuons la formation d’un groupe important de futurs appareilleurs. De retour à Bangkok, on nous dit que l’avion pour les Philippines ne part que dans trois jours. C’est une occasion pour nous de nous rendre dans le Nord de la Thaïlande où se trouve des malades lépreux laotiens amputés.
Nous décidons de nous y rendre. Nous sommes accueillis par des religieuses missionnaires, filles de la charité de Paris qui s’occupent des lépreux et qui ont un petit centre d’appareillage. Nous sommes désireux de savoir quelles sont les prothèses que font les deux appareilleurs ?
Les sœurs nous disent : « Vous savez, nos prothèses sont très simples. Vous allez être étonnés de voir marcher les amputés avec ce type de prothèses. »
« Mais mes sœurs, ce type d’appareil nous intéresse beaucoup. »
Elles nous emmènent dans leur petit atelier. Grande est notre surprise de voir que les deux appareilleurs fabriquent nos prothèses.
Notre travail au Cameroun pendant de nombreuses années dans la léproserie de Yaoundé nous a permis après de nombreux tâtonnements de créer un type de prothèses simples (non pas vulgaire), fonctionnelles, utilisant les matériaux locaux et facilement transmissibles. Sans oublier qu’elles étaient très bon marché.
Beaucoup de grands organismes comme la Croix Rouge internationale, le Haut-Commissariat aux réfugiés, médecins sans frontières, handicap international, nous ont demandé de les aider à former des équipes de prothésistes.
C’est ainsi que l’on nous a demandé d’aller à Winnipeg, de continuer notre travail dans le grand camp de Kao-i-Dang, de découvrir nos prothèses dans un petit atelier au nord du Laos, et de former des appareilleurs dans la ville de Manille et dans beaucoup de pays du monde entier.