Carême 18 février au 4 avril 2015
La rencontre avec Jésus pendant ce temps privilégié du carême nous prépare à Pâques et est une invitation à entrer dans le coeur à coeur avec Lui. Dans les trois indications précises qu’Il nous donne : la prière, le jeûne et la charité, tout l’Evangile est présent.
La prière: Il faut lire cette invitation pressante de Jésus, quand Il nous dit de nous retirer dans notre chambre. La chambre, ce n’est pas un endroit ni un lieu. C’est le Coeur du Père. La Porte, c’est Jésus. Le Coeur à Coeur , c’est l’Esprit Saint qui nous fait y entrer comme un tout petit enfant pour recevoir tout du Père. Jésus nous le dit de manière plus précise: « Dévorez-Moi. Vous serez en Moi et Moi en vous ». Pour y accéder, il faut passer par Bethléem : accepter d’être sur la paille et contempler comme les petits bergers : Joseph, Marie, le petit Enfant posé dans une mangeoire. Accepter que Jésus vienne habiter sur notre paille dans l’humilité la plus grande qui est celle de Dieu. Il vient nous chercher dans notre pauvreté parce qu’il nous Aime à la folie.
Le jeûne: Jésus nous avertit Lui-même: « Tant que l’époux est là, vous ne pouvez pas jeûner. Mais le jour où il vous sera enlevé, vous jeûnerez. »Luc 21,36
Les vierges ont pris une lampe pour aller à la rencontre de l’Epoux. C’est la nuit. Cinq d’entre elles sont prudentes. Les autres n’ont pas compris de quelle huile en vérité il s’agissait ! C’est l’Amour qui éclaire. C’est l’huile de l’Amour et non la beauté des parfums qui fait brûler les lampes. Quand l’Epoux vient, celles qui avaient mis dans leur coeur de l’Amour entrèrent avec Lui dans la salle des Noces. Les autres ont couru chercher encore de l’huile.
Il y a deux manières d’attendre l’époux :
faire des provisions sur lesquelles nous nous appuyons et se suffire de nos réserves pour vivre. « encore »
Ou voir ce qui ferait plaisir à l’Epoux. Partager en nous suffisant de l’Amour du Seigneur qui nous comble au-delà de tout. Donner aux autres leur nécessaire et entrer dans ce coeur à coeur avec Dieu qui nous comblera bien au-delà de ce que nous voulions, car Il veut nous nourrir de son Amour. Il n’y a pas de jeûne sans partage, ni de partage sans jeune. Il y a bien des manières de jeûner pour partager et penser aux autres. Par exemple: utiliser le téléphone trois minutes au lieu d’une heure. Dans nos relations, il y a le futile, l’important, le nécessaire et l’essentiel. Jeûner de TV devant laquelle on s’endort, qui nous évade de la réalité dans un monde qui n’est pas le nôtre et qui n’est pas celui de Dieu. Enlever un jour de vacances pour le partager avec d’autres. Réduire des kms utilisés pour le plaisir et en faire bénéficier les réfugiés de l’Irak et bien d’autres choses que nous trouverons en faisant travailler notre imagination et notre amour pour les pauvres.
La partage : Jésus est très clair quand il s’agit de donner à chacun sa part : « Ce que tu feras au plus petit, c’est à Moi que tu le fais. J’avais faim et tu m’as donné à manger etc ». Jésus nous met déjà dans l’unité pour laquelle il est venu sur la terre pour que nous soyons Un avec Lui. Il s’est engagé pour que le Père puisse donner toute la mesure de son Amour à son Fils et le Fils à son Père: ne faire qu’Un jusqu’à la dernière goutte de Sang sur la Croix.
A Emmaus, il s’est laissé inviter par ces deux pèlerins qui revenaient très déçus de ce qui s’était passé à Jérusalem. Il se laisse inviter chez eux dans leur misère qu’il veut partager chez eux. Il leur demande un morceau de pain et il les aide à partager leur nourriture. Il la transforme en sa Présence . En revenant à Jérusalem, les deux disciples diront qu’ils l’ont reconnu au partage du pain.
Jésus est un partageur. C’est plus qu’une part de gâteau qu’on partage. C’est plus qu’un toit qu’on partage pour accueillir l’étranger. Le partage s’appelle miséricorde.
C’est comme une naissance qui fait naître dans le coeur du papa et de la maman un nouvel enfant qui est la personnification mutuelle de l’amour des époux.
C’est comme la lumière d ‘un chandelier qui rayonne.
C’est comme une maman qui se penche pour ramasser son petit qui vient de tomber et le prend dans ses bras. Elle le met sur son coeur . Il cesse de pleurer parce qu’il se sent aimé.
Le partage, c’est cet étranger samaritain qui passe sur la route et voit dans le talus un blessé. Il va le voir. Il n’a pas peur de le prendre dans ses bras, de le mettre sur sa monture et d’aller à l’hôpital en payant le nécessaire pour lui. C’est Jésus qui avec et par le vin et l’huile nous donne la consolation de l’Esprit Saint.
C’est la petite Thérèse qui dans son couvent prie pour Pranzini, ce brigand qui le jour de son exécution accepte d’embrasser Jésus sur la Croix pour se convertir.
C’est encore la petite Thérèse qui une année avant sa mort, accepte de manger à la table des pécheurs, de partager le néant de leur condition et qui au dernier moment de sa vie en leur nom s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
C’est Jésus qui sur la Croix prend à son compte le cri du brigand qui est à ses côtés ; cri de souffrance, cri de détresse et en même temps cri d’espérance comme dans le Psaume 21. « Père entre tes mains, je remets mon esprit entre tes mains. Père pardonne-leur, ils ne savent pas comment on les aime »
Plus qu’un morceau de pain, le partage est une unité de vie qui nous fait prendre dans nos coeurs ce que nos frères attendent de nous parce qu’ils souffrent ; pour leur faire découvrir comment Jésus sur la croix nous aime à la folie.
Unité présente dans l’eucharistie : « Demeurez en Moi et Moi en vous »
Bon carême à tous
Pierre et Raymond Jaccard