Vous souvenez vous de la dernière phrase de Père Raymond: « Je vais retrouver le petit Robert! ». A la sortie de l’enciellement du Père, notre désir était grand : « Et si on allait prier sur la tombe du petit Robert Naoussi….».
Le 2 juin, Loïc, Sandrine, Fabien et Massabielle nous sommes retrouvés à la Rue du bac pour confier ce pèlerinage à la Vierge de la médaille miraculeuse et à la prière de grands malades. Il faut dire que Tidoux, Alice, Climène, Monica, Nô et puis Julien et Marie Corinne nous accompagnent dans le coeur.
Un premier signe nous remplit de joie. Alors que l’avion nous emporte vers Douala, nous découvrons que nous sommes le 3 juin, fête des martyrs de l’Ouganda. C’est le nom même de l’Eglise de la Dibamba où ont prié Robert et le père Raymond.
C’est sûr ! Robert nous attend.
A la léproserie de la Dibamba…..
Que d’émotion d’aller prier sur l’humble tombe de Robert à l’orée de la forêt tropicale. Nous découvrons la léproserie, telle qu’elle était il y a 50 ans. Peu de choses ont changé. Les malades sont là et attendent leur consultation par dizaines. C’est tout un village en effervescence…
Logés dans une maison du quartier à 50 m de la léproserie, nous pourrons partager nos journées avec ceux qui ont connu Robert de leur vivant.
Nous sommes heureux de nous insérer dans le village avec les habitants et de partager leurs conditions de vie. Nous passons notre temps à imaginer la vie difficile qui a amené le père Raymond dans ce lieu où la chaleur et l’humidité rendent difficile même la respiration.
Les lépreux nous le disent : « Et ces pères qui ont tout quitté pour venir vivre au milieu de nous, dans des conditions de vie si difficiles, ils nous aimaient beaucoup ! »
Un tissu d’amitié se lie autour de Robert et tous ceux qui ont été bénis, guéris et exaucés par son intercession. Nous les écoutons et nous transcrivons presque de façon exhaustive tout ce qu’ils nous disent.
Je pense à Olive qui attendait son 7è enfant et dont la vie était en danger ainsi que le bébé. Olive est allée s’étendre sur la tombe de Robert en le priant avec confiance. Le bébé est né en pleine forme il y a deux ans.
Le Père Donatien de la paroisse St Jean Baptiste nous conduit lui-même chez Mgr Kleda, l’ évêque pour continuer à parler des démarches à suivre pour l’ouverture de la cause. Il découvre « Papa Louis » l’infirmier de Robert qui transmet à l’évêque toute sa conviction de la sainteté » de Robert. Un jeune prêtre Francis nous dit : « Je suis un enfant de Robert Naoussi ». A la cathédrale, Jésus nous accueille. Il est exposé toute la journée du matin au soir dans une cathédrale remplie de chrétiens priants et fervents.
Nous retrouvons Hélène qui a été sauvée par le père Raymond, papa Pierre contemporain de Robert. Partout, un même sourire sur les visages.
La léproserie de la Dibamba est tenue par 5 carmélites missionnaires.
La paix, l’amour, la joie même règnent dans la léproserie. Ici, on consent à se faire soigner après avoir tout essayé parfois pendant 20 ans sans succès. Mystérieusement, les plaies guérissent. La Dibamba est réputée pour cela.
Sandrine s’échappe souvent auprès malades de la léproserie faisant marcher papa Jean qui est aveugle et un peu impotent. L’évangile prend chair dans une vie auprès des pauvres et des malades. Nos cœurs sont remplis de bonheur.
Un lépreux me dit : « Nous avons tant perdu depuis le départ du Père Raymond. Il voulait faire un grand collège car il voulait des infrastructures dans tous les grands quartiers. Il aimait les malades. Il nous aimait beaucoup »
Les portes continuent de s’ouvrir. La radio chrétienne nous invite à deux émissions. Papa Louis est avec nous et son témoignage touche les cœurs. Nous projetons le documentaire de KTO à la léproserie ainsi qu’en paroisse. Les malades eux aussi sont bouleversés. La vie de Robert touche tous les cœurs jusqu’aux larmes. Nous passons des jours et des nuits sur la tombe de Robert.
Le samedi 11 juin, c’est le pèlerinage sur la tombe de Robert avec des chrétiens de Douala. Une grande joie et ferveur nous rassemble. La colonne s’avance en marchant au rythme du rosaire.Nous ressentons combien Robert crée entre nous des liens très forts. Les témoignages sont nombreux.
Le dimanche 12 juin, nous partons pour la capitale de Yaoundé à 300 km, en direction du sanctuaire marial de Nsimalen. Le Père Antoine Evouna que certains connaissent nous attend avec ses collaborateurs.
Quel bonheur encore d’être dans ce sanctuaire où Marie est là, vivante. Au cours de la veillée mariale qui dure 36 heures, nous sommes conviés à faire connaître le petit Robert. Nos frères et sœurs de Yaoundé sont très émus de le découvrir. La veillée se poursuit dans une louange et une danse qui dure toute la nuit.
Le Père Raymond parlera de Robert comme d’une perle dans la boue de la misère. A Nsimalen, pendant les apparitions, la terre scintillait comme des perles de lumière. Oui, c’est Marie qui a fait de Robert une perle de sainteté et c’est elle qui a fait scintiller le petit Robert dans la lèpre la plus affreuse.
Nous avons hâte de voir le centre Jamot où les frères ont aimé, servi et prié avec les lépreux amputés, les enfants polios et tous ceux qui frappaient à leur porte. Quel dénuement ! Ils ont vécu dans une petite cour.Pour l’atelier de prothèse un simple bâtiment et pour leur lieu de vie, deux petites chambres. Comme deux frères de Foucauld : le grain de blé qui tombe en terre sans bruit.
Le père Antoine Evouna né juste à côté viendra servir la messe des frères alors qu’il n’a que 8 ans. « Ils nous ont donné le goût du sacerdoce, le goût de donner notre vie jusqu’au bout ».
A 11 ans, Emmanuel Kameni est appareillé par père Raymond en 1967. Il restera avec eux et deviendra leur prothésiste. Il nous dit, les larmes aux yeux: « Leur vocation c’était l’amour, seulement l’amour ». Dès le matin, la petite cour était pleine de lépreux et de pauvres qui venaient frapper à la porte des frères.
Fabien enfant adopté par les frères veut nous accueillir chez lui. Il est maintenant papa de neuf enfants. Sa reconnaissance est immense. Notre arrivée est pour lui comme la présence de ses deux grands frères Pierre et Raymond. Il est très ému.
De retour à Douala, un cinéaste vient nous voir. Depuis dix ans il avait entendu parler de Robert mais au cours de la dernière conférence entendue,, il dit : « Je suis tombé amoureux de Robert ».
A la Dibamba, sœur Marie Pascale monte un centre de prothèses. La technologie moderne est un échec. Aussi, elle se replonge dans les livres des frères et elle peut monter facilement deux appareils plus opérationnels. La demande est urgente. Sans cesse, les gens viennent demander des prothèses de pied, de jambes…. de nombreux amputés ne peuvent pas supporter les prothèses qu’ils reçoivent . Ils leur procurent des plaies…
Les frères avaient inventé une prothèse africaine adaptée à la peau camerounaise et l’humidité du pays. Si le centre est bien en route, cessera une mission utile pour tout le Cameroun. C’est aussi le travail des frères qui se continue et que nous pourrons soutenir !
Notre cœur revient gonflé de tout ce que nous avons vu et entendu. Quelle reconnaissance pour toutes les grâces inattendues reçues pendant ces 15 jours. Une douche de pentecôte.
Merci Père Raymond et Père Pierre.
Merci petit Robert
Merci Seigneur
Merci Marie, Notre Dame de Nsimalen, Reine de la Paix.